5 Mars 2012
Vendredi 24 Février, Le 106 de Rouen offrait deux concerts apparemment très opposés. De la chanson française à texte dans la grande salle avec en première partie JOSEPH D'ANVERS en solo puis MIOSSEC, et au club du hip-hop avec SCROOBIUS PIP ( avec en première partie B. DOLAN). Pourtant, malgré les différences indéniables de leur univers musical et de leur public, le passage d'un concert à l'autre n'était pas si absurde. C'était bien une soirée en l'honneur des mots, de la puissance de la phrase, du phrasé qui nous était proposée.
En tournée avec MIOSSEC pour 25 dates, JOSEPH D'ANVERS présente une partie de son troisième album « Rouge Fer ». Album de la maturité, il bénéficie d'un duo avec TROY VON BALTHAZAR ( chanteur des CHOKEBORE) et du mixage de Darell Thorpe ( qui a notamment travaillé avec RADIOHEAD, BECK et AIR). Contrairement à ses autres tournées, JOSEPH D'ANVERS joue en solo et expose encore directement au public ses textes. Peut-être pour dissiper l'angoisse de toute première partie et pour être reconnu immédiatement, « Radio 1 » est livré en tout début de set. Sentiment étrange d'avoir ainsi le sacrifice du morceau le plus connu comme hors d'oeuvre. Peut-être que c'est le morceau le plus facile d'accès, le plus pop et en décalage avec les autres plus centrés sur les paroles. Un univers plus doux où ce chanteur nous livre ses états d'âmes dans « Le Funambule » ou « A contretemps ». Si « Sweet 16 » confirme avec d'autres chansons la sensibilité tactile de JOSEPH D'ANVERS, elle montre aussi avec « Radio 1 » une orientation plus pop du dernier album, une alliance subtile entre chansons à texte et ritournelle entraînante.
Après cette première partie volontairement intimiste, MIOSSEC monte sur ses scènes entourés de quatre musiciens. Et ces instruments et leur musique souvent lancinante ne sont pas de trop pour égaler la présence de la voix de MIOSSEC et ce spectacle de la
vie ordinaire. Des morceaux de vie, c'est ce que, suivant son dernier album « Chansons ordinaires », MIOSSEC présente à un public de tout âge venu voir cette fêlure qui le rend
peut-être si proche. Une présence qui est une véritable épreuve physique dès le premier morceau « Chanson du bon vieux temps » où il agrippe son micro comme pour lutter contre cette
mélodie qui tourne sans cesse autour de lui pour faire ressurgir ce passé. Dans « Chanson d'un fait divers », la puissance du « il y a » dépasse même le cadre d'une simple
chanson pour créer un récit dans son sens le plus fort. Après avoir joué aussi ces plus grands succès tant attendus par le public, tels « La facture d'électricité » ou
« Brest », ce breton finit par le traditionnel « Les bières aujourd'hui s'ouvrent manuellement ».
La transition vers le club est d'abord un choc, autre public,
musique plus dure, phrasée caractéristique du hip-hop, univers venu des States. Venu en tournée sans son acolyte DAN LE SAC, SCROOBIUS PIP enflamme la seconde salle du 106 avec un set sans temps
mort. Doux ou rapide, chaque titre est un torrent verbal si caractéristique de SCROOBIUS PIP. « Domestic silence » et « Try Dying » entre punk et hip-hop sont la démonstration
parfaite de l'énergie de ce prêcheur. Même des morceaux plus calmes comme « Broken Promise » ou la lecture que nous propose SCROOBIUS PIP au milieu du concert, juste avant d'être
rejoint par B. DOLAN. Après ce duo qui se donnent un réel plaisir à jouer avec les mots, SCROOBIUS PIP finit par un « The struggle » qui sonne comme un chant de guerre avec une guitare
cette fois-ci plus proche de la country que du punk.
suite des photos de JOSEPH D'ANVERS