26 Mai 2012
La tournée de Jullian Angel en Normandie fût l'occasion d'un concert centré sur la musique folk à l'Emporium de Rouen. Ainsi, les groupes rouennais Sundayer et My North Eye ( qui accompagnera Jullian Angel à Dieppe et à Lion-Sur-Mer) se succédèrent sur la scène avant le songwriter Lillois pour une soirée à la fois intimiste et riche en émotions musicales.
Sundayer fait partie de ses groupes pour lesquels le travail
artisanal sur la musique reste l'essentiel. Les scènes à répétition sont pour eux secondaires s'il ne peuvent à chaque fois livrer un petit bijou sonore aux spectateurs. En effet, Sundayer se
montre en concert pour la première fois depuis 2009 pour présenter leur troisième album. Après un premier album éponyme en 2002, et Mcguffin sorti en 2006, le groupe présente en live une
partie de son album Might sorti en janvier dernier. Le trio transformé pour l'occasion en duo, avec Xavier et Cécile ( respectivement à la guitare et voix, et au chant et
multi-instrumentiste), nous a ainsi proposé un panorama de son univers qui prenait l'air d'une ballade. Les deux premiers morceaux « So Strong » et « Pink Red Rress »
présentent les deux tendances essentielles de leur musique : une folk d'une grande diversité instrumentale et un post-rock d'une intensité inattendue par rapport à la douceur de leur folk.
« A Bit Like » va présenter un subtil mélange entre ces deux voies avant de revenir à une folk toute en tendresse dans « Pebble Shore » et « Come With Me ». La fin
du concert ne nous laissera pas indifférent avec « Another Crappy Love Song », un post-rock qui culmine dans une tension quasi insoutenable, tension qui trouvera son apaisement dans le
beau final « The Old Man And The Tree ».
Cette belle entrée en matière laisse ensuite place au groupe My North Eye, Yann Lafosse, qui incarne à lui seul le groupe, retrouve en live pour la première fois depuis 2010 son compagnon Mathias Asadour au violon. Projet succédant au groupe Dirge
pour Yann, My North Eye propose une folk/post-rock d'une grande gravité. Tout le début du concert est d'une grande douceur avec des morceaux comme « Gospel » ou le plus mélancolique
« A Cigarette And A Song ». Le volet post-rock s'ouvre vraiment avec « The Road That Nevers Ends » et sa gravité ascendante. « Nothing For Nothing » nous offre alors
une douce parenthèse folk où la voix de Yann pourra être plus posée avant d'exprimer toute son émotivité dans les deux derniers morceaux, « Love Song 2 » et « Blood »,
pleinement post-rock et pour lesquels le duo est complété par Thierry Jourdain aux percussions. Après Sundayer, l'autre duo de la soirée aura encore su atteindre notre sensibilité.
Il ne pouvait donc pas y avoir de meilleures préparations
avant le concert de Jullian Angel. Ce songwriter revient à Rouen après nous avoir présenté l'année dernière son quatrième album Kamikaze Planning Holidays au Shari Vari. Paraissant des
plus concentrés lors des sets des premiers groupes, il délivre cette tension dans une musique qui conjugue mélancolie et élan quasi religieux, élan qui est sans doute une sources secrètes de la
beauté de ses compositions. En commençant par le titre « Drugs » a cappella, Jullian Angel habite la cave de l'Emporium avec sa voix avant de passer avec « Scarred », dont la
guitare sonne comme une fuite, et « Fallen » à des morceaux d'une grande richesse instrumentale. C'est ici que la scène prend tout son sens car le procédé utilisé par Jullian Angel pour
démultiplier sa guitare crée un grand contraste entre les versions de l'album et les titres entendus en concert. En effet, il superpose les pistes sonores à la guitare qu'il enregistre pendant le
morceau, sa guitare faisant alors aussi office de basse et de percussions. Le titre « Live On Beauty » est sans doute le titre qui met le plus à profit ce procédé scénique et montre
tout le talent de songwriter de Jullian Angel. Les titres « Faith », qui évoque immédiatement une complainte, et « Some Dead Survive » sont quant à eux plus intimistes. Après
cet enchaînement d'une grande gravité, Jullian Angel nous livre sur la fin un morceau beaucoup plus joyeux avec « Saved The Monster » et dévoile un autre aspect de sa palette affective.