26 Mars 2021
Cela fait des années que je n’ai pas fait de chronique pour la Murmure, et de façon incroyable, c’est lors de ce nouveau confinement de printemps 2021 que je ressors de ma boîte.
Mais je ne pouvais décemment pas, ne pas vous faire partager mon coup de cœur pour l’album d’Animal Triste, groupe rock Rouennais nés notamment des cendres de Radiosofa (groupe que je suivais intensément).
Il y a maintenant quelques mois, ce groupe réunissant donc des musiciens aguerris aux joutes rocks s’est donc illustré en sortant un album éponyme réjouissant bien qu’assez court.
Le groupe propose un rock assez sombre et mélancolique, allant de la pop sur certaines chansons (« Amor bay »), au post-rock (« Wild at heart » aux faux-airs de Mogwai et son final intense). Mais au-delà des références (la reprise de Bruce Sprinsgteen « Dancing in the dark »), le groupe trace son sillon et son propre style, avec des arrangements sonores très pointus, des claviers atmosphériques (« Sky is something new »). La partie rythmique assure, alternant le discret et le pillonage, les guitares sont aériennes souvent puis rugissantes et le chant de Yannick, en anglais, vibre très profondement et colle aux paroles. Un album finalement difficile à décrire, car alternant les styles, les ambiances, mais qui trouve sa cohérence au fur et à mesure des écoutes, le tout ne s’offrant pas au premier venu.
Le groupe a mis en ligne plusieurs clips tirés de cet album, proposant une esthétique travaillée :
Wild at heart, ma préférée :
Shake shake shake en répétitions live :
Clip bonus d’un titre qui ne figure pas sur l’album :
L’album est disponible en vinyle ou en numérique sur les plateformes de streaming classiques via ce lien :
Pour en savoir plus, page Facebook du groupe : https://www.facebook.com/animaltriste
Comme quoi, 2020 n’a pas amené que du mauvais ! Etienne pour la Murmure
Bonus, interview de Mathieu Pigné, batteur et fondateur du groupe :
Hello Etienne, et Hello la Murmure. Pour faire simple, nous sommes tous des musiciens normands, amis de longue date qui rêvions un jour de collaborer tous ensemble. Yannick et Seb officient dans la maison Tellier. Cédric jouait dans la Mygale/Dallas. Fabien dans Radiosofa et Claire De Namur. Darko et moi avons longtemps travaillé pour d'autres projets plus mainstream, et nous avons collaboré ensemble à son projet "Darko", Basquiat's black kingdom, Arman méliès etc... J'ai aussi joué avec Fabien dans Radiosofa.
Plus que ça encore dans un monde ou Fab existe c'est impossibe de m'imaginer jouer sans lui. On a le même Adn, les mêmes valeurs, quelques soient les endroits où il pose ses doigts sur sa guitare je sais que ça va être exactement ce que j'ai envie d'entendre.
Nous voulions effectivement un album direct, sans fioriture et surtout ne pas trop réfléchir. Nous nous sommes éxilés au studio Piggy in the mirror -chez le délicieux David Fontaine- et avons enregistré l'album en un weekend de 4 jours juste avant le premier confinement et les annonces délétères de Macron. Je crois n'avoir jamais fait un enregistrement aussi joyeux, comme si inconsciemment nous savions que le ciel allait nous tomber sur la gueule et qu'il fallait profiter de ce genre de moment - désormais trop rares -
On est hyper content, c'est assez inattendu d'ailleurs d'avoir de telles réactions - aussi bien en France qu'à l'étranger en plus - aujourd'hui faire un album de rock c'est quand même une sacrèe gageure, on a certes d'abord fait ces chansons pour nous, sans trop planifier quoique ce soit, mais recevoir de telles critiques de part et d'autres, qui plus est à une époque ou le rock est à la traine, ça réchauffe pas mal...
Pfffff que te dire... je crois qu'avant- au début de la pandémie- nous avancions tous dans un brouillard étrange qui était commun à tous tout en essayant de faire au mieux pour ne pas dérailler... Désormais le brouillard est de plus en plus opaque et en plus il pue. Comme l'époque. A titre très personnel j'ai essayé d'être productif pour ne pas sombrer, j'ai terminé mon premier roman qui sortira l'année prochaine et j'ai composé des trucs à venir, mais ça j'ai pu le faire car je fais parti des chanceux qui peuvent encore vivre de leur musique, ce n'est malheuresuement pas du tout le cas de tout le monde. Je viens de voir que Bachelot venait de décorer Sardou. Je trouve que c'est le résumé parfait de ce qu'on traverse, un sens du timing qui ressemble à un énorme doigt d'honneur lançé à nos professions. Alors bon, j'ai bien évidemment les mêmes espèrances que tout le monde mais voilà... Cette époque a tellement cassé tout ce qui était joli pour ne nous laisser que la merde.
Tout à fait, et il avance très très vite, c'est justement un phare dans le brouillard pour nous ce 2e disque.